Qu’est-ce qu’un expatrié heureux ?

A quoi peut-on attribuer le bonheur d’un expatrié ? Est-ce le pays dans lequel il vit ? La culture dans laquelle il baigne ? Son confort de vie ? Le climat ? Son statut ? La sécurité ? Les opportunités de loisirs ? Son travail ? Qu’est-ce qui peut bien rendre un expatrié heureux ?

​C’est bien sûr très différent d’un expatrié à l’autre. Certains aiment les climats chauds, alors que d’autres ne jurent que par les montagnes et la neige ; certains aiment l’Afrique, d’autres plutôt l’Amérique latine ou l’Asie ; certains sont attachés à leur statut et leur travail, alors que d’autres recherchent les découvertes ou le volontariat… mais est-ce que ce sont vraiment ces facteurs qui vont influencer le bonheur d’un expatrié ?

Cet article vous propose plusieurs pistes basées sur les recherches de la science du bonheur !

En partie, oui bien sûr, le bonheur d’un expatrié dépend de ces facteurs. Pourtant, selon de solides recherches en psychologie positive, seul 10% de notre bonheur est influencé par les circonstances extérieures, c’est-à-dire le pays, le climat, la culture, le statut, le confort de vie, le fait de travailler ou non, notre histoire personnelle, les événements positifs ou négatifs. Elles ont aussi démontré que 50% de notre bonheur est génétique… et surtout qu’il reste 40% de notre bonheur totalement sous notre contrôle. Nous pouvons influencer ces 40% ! Comment ? Ces recherches ont pu mettre en avant quels sont ces facteurs qui permettent de favoriser le bien-être et l’épanouissement des individus.

Alors, concrètement, qu’est-ce qui rend un expatrié heureux ? Je vous propose ici des pistes, adaptées aux besoins particuliers des expatriés, inspirées des recherches en psychologie positive, de mon expérience personnelle et professionnelle.

Un expatrié heureux..

… sait exactement qui il est.

S’expatrier est une transition de vie majeure (mon article « Expatriation : une transition de vie majeure »qui implique généralement une importante crise identitaire. Elle pousse l’expatrié à mettre un terme à qui il était avant et à devoir se recréer. C’est une réalité pour tous les expatriés, et c’est d’autant plus marqué pour les conjoints accompagnants qui ont souvent dû quitter un travail et un statut qu’ils ne retrouveront pas forcément sous cette même forme en expatriation.

Un expatrié heureux est celui qui réussit à comprendre et savoir qui il est exactement, ici et maintenant : quelles sont ses valeurs, ses forces, ses besoins, ses envies, ses qualités, ses passions, ses croyances, ses peurs, le fonctionnement de ses pensées et de ses émotions. C’est essentiel : c’est cette compréhension qui lui permet de créer les changements dont il a besoin pour bien rebondir et pleinement s’épanouir dans son expatriation.

… a des objectifs de vie.

L’expatriation étant faite d’incertitudes et de changements, beaucoup d’expatriés n’arrivent pas se projeter dans 5 ou 10 ans. Pourtant, l’expatrié heureux a une vision à long-terme, il sait ce qu’il veut, il sait où il va, quels sont ses objectifs et comment les atteindre… indépendamment des circonstances extérieures tels que les changements, transitions de carrière ou de vie, les incertitudes. Ce sont ces objectifs clairs et concrets qui vont lui permettre de faire les bons choix, de saisir les opportunités, de trouver des solutions et de dépasser les obstacles qu’il rencontre. C’est aussi et surtout cette vision à long-terme qui lui permet d’atteindre ses objectifs de vie et de carrière…et bien rebondir face aux changements.

…. a trouvé sa place.

Une fois qu’il sait qui il est et ce qu’il veut vraiment, un expatrié heureux peut trouver sa place autant personnelle, familiale que professionnelle. Il sait comment donner du sens à ce qu’il fait, créer le bon équilibre pour une expatriation épanouissante, se sentir sûr de ses choix et de la place qu’il occupe, ici et maintenant. 

Ce point est primordial. J’ai moi-même expérimenté trois transitions quasiment simultanées :  lorsque je suis devenue maman (ce qui a totalement chamboulé ma vie) ; lorsque j’ai décidé de quitter l’humanitaire à la recherche d’un travail ayant autant de sens ; puis lorsque j’ai été projetée dans ce tout nouveau statut de conjointe accompagnante (une totale nouveauté après 13 ans d’expatriation comme salariée à l’époque) ! J’ai vécu là mes plus délicates transitions de vie et de carrière. Je suis passée par une longue phase de questionnements et de doutes jusqu’à ce que j’approfondisse et clarifie qui j’étais et ce que je voulais vraiment. Tout est alors devenu beaucoup plus simple. J’ai trouvé ma place et cela a totalement changé ma manière d’appréhender ma vie, mon expatriation et m’a permis de mettre en place ce qu’il fallait pour m’épanouir pleinement. 

…. vit dans le présent.

L’expatriation est souvent vécue comme une parenthèse, ce qui rend l’ancrage dans le présent difficile. Il est courant qu’au lieu de vivre le présent, on se retrouve soit à ressasser le passé et à regretter ce qu’on n’a pas ici ; soit à se projeter dans le futur et à anticiper ce qu’il y aura là-bas, en s’inquiétant de ce qu’on ne sait pas encore. Pourtant vivre dans le présent, c’est une des clés du bonheur.

Un expatrié heureux vit aussi souvent que possible en pleine conscience. Il se concentre délibérément sur le présent. Il accueille ce qu’il y a dans ce lieu et en ce moment et savoure autant que possible les belles choses du quotidien. Il s’assure de profiter de ce que lui offre son expatriation, d’être physiquement et mentalement présent à cette expérience.

a un état d’esprit ouvert.

​L’expatriation est faite d’inattendus, de contrariétés et de changements. Un expatrié heureux a un état d’esprit ouvert. Il est curieux. Il n’a pas peur de se tromper, persévère malgré les obstacles, rebondit face à l’échec. Il aime découvrir et apprendre. Il choisit d’approcher les événements avec curiosité et sans à priori, plutôt qu’avec ses jugements.

Et il applique ce même état d’esprit à lui-même. Il est curieux de ses réactions, de ses pensées, de ses sentiments et il accepte même d’être imparfait !

… exprime sa gratitude.

​Chaque expatriation comporte des inconvénients et des avantages. Notre cerveau a tendance à porter plus d’attention sur ce qui ne marche pas et prend pour acquis ce qu’il y a de positif dans notre vie.

Un expatrié heureux est celui qui fait l’effort conscient de rechercher ce qui fonctionne et de le savourer. Il s’assure au quotidien de mentionner ce pourquoi il est reconnaissant et de ne pas prendre pour acquis ce qu’il a déjà. Pour y arriver, il tient peut-être un journal de gratitude, il instaure un rituel le soir au repas en famille ou s’assure d’exprimer régulièrement sa gratitude pour les choses positives de sa vie.

… ne tient pas compte du jugement et du regard des autres.

Il y a beaucoup d’idées reçues sur les expatriés. Nombreux sont ceux qui ne voient qu’une facette de l’expatriation. Ils estiment que les expatriés ont tout pour être heureux : ils gagnent confortablement leur vie, vivent dans une belle maison, ont une femme de ménage, parfois même un chauffeur… ils ont la belle vie et aucune raison de se plaindre ! Il est vrai que certains expatriés sont privilégiés, mais ils n’ont pas tous ce statut et ce confort de vie. Et même pour les expatriés privilégiés, cela n’efface pas les difficultés liées à l’expatriation : l’éloignement avec la famille, les changements fréquents, les besoins constants d’adaptation, l’absence de réseau social, de repères, de système de soutien. Les stéréotypes sont souvent d’autant plus forts pour les conjoints accompagnants qui semblent devoir toujours justifier le fait qu’ils ne travaillent pas… alors même que ce n’est souvent pas leur choix et que pour certains, il s’agit de leur plus grande frustration, parfois même d’un frein à leur épanouissement.

Un expatrié heureux ne tient pas ou plus compte du jugement des autres. Il a réussi a comprendre précisément qui il est et ce qu’il veut. Il a confiance en ses choix, il a trouvé sa place et ne craint plus le regard des autres.

…ne culpabilise pas.

L’expatriation génère de nombreux sujets de culpabilité : l’éloignement avec la famille et les amis, les changements imposés aux enfants, dans certains pays un confort de vie très différent de la population locale et pour beaucoup de conjoints accompagnants, le fait de ne pas travailler.

Un expatrié heureux est celui qui a compris que culpabiliser ne sert à rien et n’apporte pas de solution concrète. Il choisit et s’assure de profiter au maximum de son expatriation pour justement ne rien regretter ensuite ! Il connaît aussi très bien l’importance de prendre soin de soi et de faire des activités qui lui font du bien, sans culpabiliser et sans s’inquiéter de l’opinion des autres. Pour y arriver, il a accepté d’être qui il est, plutôt que d’être qui il pense devoir être ou qui les autres voudraient qu’il soit.

… a des relations de qualité.

​Créer et maintenir des relations de qualité est l’une des difficultés la plus souvent mentionnée par les expatriés. Et ce n’est sûrement pas un hasard, parce que selon les recherches sur le bonheur, le plus grand indicateur de satisfaction de vie est nos relations avec les autres. Savoir que nous avons des amis sur qui nous pouvons compter a un énorme impact sur notre bien-être. Pourtant, c’est l’un des grands défis de l’expatriation : d’une part de maintenir de belles relations avec les amis restés aux pays et d’autre part de créer de belles amitiés. Sans compter, que les multi-expatriés vivent et revivent constamment des « au revoir », semant des amis dans les quatre coins du monde !

Un expatrié heureux a réussi à créer des relations de qualité, en y consacrant du temps, des efforts… avec une bonne dose de patience et de lâcher-prise. Il accepte que ses relations avec les amis restés aux pays évoluent : certaines se bonifient et d’autres se détériorent… mais au fond c’est aussi l’occasion de découvrir quelles sont celles qui comptent vraiment. Il a aussi réussi à se créer un réseau sur place, en abordant ces nouvelles relations avec un état d’esprit ouvert, beaucoup de curiosité, l’envie d’apprendre et de découvrir d’autres manières de développer des relations qui comptent.

Et surtout, un expatrié heureux commence par être son propre meilleur ami. Il s’accorde du temps, de la patience, de la bienveillance et de la compassion. Il sait que ce n’est pas simple, mais il croit en lui et sait qu’il va y arriver.

… se sent responsable de son bonheur.

Comme mentionné plus haut, selon les recherches en psychologie positive, 40% de notre niveau de bonheur est sous notre propre contrôle. Ces 40% incluent nos pensées, nos émotions et nos actions.  La clé du bonheur, c’est de comprendre que : ce que nous pensons, ressentons et faisons au quotidien est ce qui influence durablement notre bonheur… ce qui nous permet de booster notre expatriation.

Un expatrié heureux est celui qui sait au fond que, quelles que soient les circonstances, il est responsable de son propre bonheur. C’est bien sûr plus facile à dire qu’à faire, mais c’est très vrai. C’est à nous de choisir nos pensées et nos actions face à ce que nous vivons et expérimentons. Pour y arriver, l’expatrié peut s’équiper d’outils qui lui permettent de renforcer ce muscle du bonheur !

Je termine cet article avec Christophe André, qui écrit dans son livre « Et n’oublie pas d’être heureux » que : « Le seul bonheur qui vaille est celui qui s’enracine dans les saisons de notre vie : tout cabossé, irrégulier, imprévisible, mais finalement d’autant plus délicieux, avec une histoire qui en fait la teneur et la saveur ». Christophe André dit aussi un peu plus loin : « Peut-on vraiment dire les choses comme ça : je choisis le bonheur ? Certains moments de notre vie ne le permettent pas : on n’y a pas d’autre choix que celui de la lutte pour la survie. Mais le reste du temps, on peut choisir de veiller sur notre bonheur et les conditions de son éclosion. Choisir de le faciliter.»

Alors qu’en pensez-vous ? Qu’est-ce qu’un expatrié heureux ? Avez-vous des commentaires, des réactions, des questions ? Y a-t-il un sujet ou une piste que vous souhaiteriez que je développe davantage dans un prochain article ou en vidéo ? N’hésitez pas à partager vos réactions. 

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